Quelques voyages généalogiques
État Civil vs Registres paroissiaux
Je
dois vous avouer que bien que laïque, j’ai un petit faible pour les registres
paroissiaux. Je trouve qu’ils nous racontent mieux la vie de nos ancêtres. Ils
nous donnent les liens entre les personnes, les parrains, les marraines et les
témoins, et parfois on y trouve de petits joyaux :

Ici un acte de décès qui nous raconte les conditions du
décès : « l’an mil sept cent quinze
et le vingt quatrième jour du mois de décembre est décédé de mort soudaine Jean
Gastal rentier du Sieur Almeras dans la maison duquel il a été écrasé par un
plancher et un grenier plein du blé qui ont croulé sur son lit sans avoir reçu
les sacrements, il a été enseveli dans le cimetière de ce lieu »

Les circonstances d’une disparition : « L’an
mil sept cent quatre-vingt sept et le vingt septième jour du mois de novembre
avant midi, Jean Antoine Cougourdel, âgé de trente sept ans, deux mois et demi,
fermier du domaine de Mr de la Coste au lieu de St Clément, absent de sa maison
depuis le dimanche vingt cinquième du courant, fut trouvé mort dans le ruisseau
de St Clément sans savoir par quel évènement il y était tombé, si par chute,
faiblesse, attaque ou autrement. Le lendemain vingt huitième, il fut porté et
enterré par ses quatre domestiques au cimetière de notre Eglise, tombeau de la
maison qu’il habitait où sont ses prédécesseurs. »
Un accident de travail, décrit avec exactitude :« L’an mil sept cent soixante-quinze le douze du mois de juin au moulin de ce lieu voulant frotter la petite roue avec de la graisse, a été pris par la dite roue et écrasé sans pouvoir recevoir les saints sacrements est décédé Georges Hubert âgé environ de dix-neuf ans, fils légitime de Pierre Hubert Tisserant, et de Marguerite Gredt Ses père et mère d’Oeutrange de cette mère église en présence du dit Pierre Hubert, qui a fait sa marque, ayant déclaré de ne savoir signer, et de Pierre Fousse meunier de ce lieu »

Là le décès d’une de mes ancêtres : « L’an que dessus [1706]et le même jour[29] du mois de janvier, Anne Baudillone, âgée d'environ trente-deux ans, femme d'Antoine Gay peireron, ayant été pêcher des arapèdes sur les bords de la mer s'est noyée. On l'a retrouvée dans l'eau le même jour vers des deux heures de l'après-midi.... »
Pour les non provençaux, les arapèdes sont les patelles, ces coquillages coniques qui vivent accrochés aux rochers. Visiblement mon ancêtre, comme beaucoup à l’époque, ne savait pas nager.
Les registres paroissiaux regorgent d’anecdote de la sorte. Et pour moi ils ont plus de « vie » que les registres d’État Civil où les seules mentions sont : « le citoyen untel est décédé ce jour»
De l’importance de l’étude des fratries
Lorsque l’on fait des recherches sur nos ancêtres, on a parfois tendance à se concentrer sur nos ascendants directs, pourtant faire des recherches sur les fratries peut nous apporter un autre éclairage.
Je voudrais vous présenter un couple Jean Fouque et Françoise Venture, ce couple s’est marié en 1717 à La Couronne (Martigues). En l’espace de vingt ans, Françoise Venture a eu 20 enfants, tous n’ont pas survécu, mais ce couple est à l’origine de nombreuses familles de La Couronne.


Pour ma part, je descends de trois de leurs enfants directement : Jean Antoine, Marguerite et Thérèse, et les lignées se croisent et recroisent constamment et font que bien que mon arrière-grand mère était de carry-le-Rouet et mon arrière-grand père de La Couronne, ils les avaient tous les deux comme ancêtres commun.
Lorsque je regarde leur descendance, sur 10 générations, ils ont eu 683 descendants que j'ai pu retrouver. Impressionnant, non?

299 victimes dont 80 membres d'équipage
Faire des recherches généalogiques permet parfois de retrouver des tragédies du passé. Je recherchais des informations sur une des sœurs de mon arrière-grand-mère (Attilia SCIPIONE). Je ne sais pas pour quelle raison familiale, nous n’avions presque pas d’informations au sujet de Filotéa, la sœur ainée d’Attilia.
Aux archives municipales de Marseille , j’avais trouvé l’acte de mariage de Filotéa SCIPIONE avec Antonio PROTO le 8 avril 1911. Mais lorsqu’ils se marient, celui-ci a déjà 5 enfants de son premier mariage.
Parmi ces enfants, Paul Alphonse PROTO, né le 25 juillet 1906 à Marseille. Matelot, naturalisé français en 1910. Il est marié avec Marie CORSI dont il a un enfant André. En cherchant des informations sur son décès, je suis tombée sur cette rubrique nécrologique.

Ainsi le beau-fils de Filotéa avait fait partie des victimes du naufrage de Lamoricière, ou lorsque mes recherches généalogiques croisent des faits historiques déjà très documentés.
Le 6 janvier 1942 à 17 heures au départ d’Alger et à destination de Marseille, Paul embarque à bord du paquebot Lamoricière de la Compagnie Générale Transatlantique. Il en est l’un des membres de l’équipage et s’apprête à rejoindre son épouse et son fils à Marseille.
Le paquebot compte 264 passagers et 130 membres d’équipage à son bord sous les ordres du commandant Joseph Milliasseau.
Voici la chronologie de ce naufrage documentée par la presse
« Le 7 janvier 1942 à 22h54, le paquebot capte un SOS du cargo Jumiège en perdition au large de Minorque. Le commandant décide de tenter de lui porter secours, mais le cargo reste introuvable.
Près des Baléares, le paquebot fait alors face à une mer de force 9 avec des vagues de 7 mètres.
Le 8 janvier, le Lamoricière subit de graves avaries et l’eau s’engouffre dans les soutes à charbon. A 17h10 le paquebot émet un signal de détresse.
Le 9 janvier, dans des vagues de 12 mètres et des vents de force 9, la gite bâbord du paquebot s'accentue, le charbon humide brûle mal et diminue encore la puissance du navire qui peine à faire face aux vagues déferlantes.
Le commandant tente de mettre le paquebot à l’abri, à Minorque. Le port est en vue, mais la mer ne lâche rien. Elle fait ce qu’elle veut du navire qui lance un SOS, le 9 janvier, vers 3 h 15.

Six heures plus tard, le G.-G Gueydon, commandé par le Breton de Binic Henri Heurtel, est sur les lieux. La tempête rend presque impossible les opérations de sauvetage, mais il faut pourtant commencer l’évacuation. A 11h, l’ordre d’évacuation est donné. Les embarcations bâbord, les seules accessibles, sont mises à l'eau et des matelots courageux parviennent à sauver quelques vies, mais de nombreux passagers et membres d'équipages disparaissent dans une mer démontée.
Vers 11 h, quatorze des seize enfants du Centre Guynemer et les deux infirmières de la Croix-Rouge française qui les accompagnent montent à bord du premier canot. Mais tandis qu’on tente de le mettre à la mer, une lame monstrueuse le souleva et l’emporta », témoigne une rescapée encore sous le choc, dans L’Ouest-Éclair du 13 janvier 1942. Les passagers se jettent à la mer, mais les vagues les renvoient sur la coque, ou pire, sur les hélices du Lamoricière qui s’enfonce toujours et disparaît à 12 h 35.

Le G.-G Gueydon, rejoint par le Chanzy, l’Obstinée et l’Impétueuse, recueille ses premiers naufragés. Dans des conditions extrêmes, la flotte de secours parviendra à sauver quatre-vingt-treize personnes sur les 394 qui se trouvaient à bord. »
La tragédie fait 299 victimes dont 80 membres d'équipage, y compris le commandant.
Le 8 mai 2008, l'épave du Lamoricière est retrouvée 66 ans après le naufrage
L'épave du paquebot repose à une profondeur de 156 mètres environ à 10 kilomètres devant le Cabo Favaritx, au nord-est de Minorque.
Sources :
Marine VION - Généalogiste Familial sur Aix en Provence
Histoire d'une demande de naturalisation refusée.
Lorsque mon ancêtre François Vincent VION épouse Julie Marguerite MARTIN à Briançonnet le 2 octobre 1817, il dit être né le 15 mars 1776 à Mombasiglio dans le Piemont et être le fils de François Antoine VION et Marguerite VIGLIONE.
Des recherches traditionnelles faites sur place par mon oncle et ma tante dans les années 90, ont montré que le patronyme VION n'existait pas à cette période sur Mombasiglio.
J'avais trouvé déjà étrange que ce monsieur ne se marie qu'à l'âge de 41 ans, sans avoir eu visiblement d'autre épouse. Mais le fait qu'on ne trouvait pas son nom dans la région, m'a fait pensé à un changement volontaire d'identité.

J'ai donc cherché des informations sur un Vincent VIGLIONE, né en 23 novembre 1775 à Mombasiglio. Lui aussi était préposé aux douanes. Mais il avait fait une demande de naturalisation qui lui avait été refusée.
Ma tante s'est rendu aux archives de Pierrefitte, et a constaté dans le dossier, qu'il s'agissait en effet de Vincent VION. Et que malgré des lettres de recommandations de ses supérieurs, la nationalité française lui est refusée en début d'année 1817.


Il a beau plaider le fait qu'il a servi la France depuis 16 ans, en tant que militaire puis douanier. La France lui demande en 1814 de retourner chez lui, mais il reste sur le territoire et devient douanier.
Probablement que son mariage en octobre 1817 est dû à ce refus de le naturaliser français.
Marié à une Française, il aura deux enfants, Marie née en 1818 et Pompé né en 1822. Hélas il ne profitera pas longtemps de son droit de séjour, il décède le 24 juin 1823 à La Rochette (04)
Ceci est un exemple de ce que la généalogie familiale peut nous apprendre sur nos ancêtres.
Ma prochaine étape sur le cas de François VION, serait de retrouver ses états militaires.
Marine VION - Généalogiste Familial sur Aix en Provence